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Shingitai

Recherche sur la biomécanique des mouvements Appliqués dans les katas Shotokan

Recherche sur la biomécanique des mouvements Appliqués dans les katas Shotokan

-Introduction-

L’histoire du karaté est comme une pierre précieuse, elle comporte mille et une facetteset il existe mille et une manières de l’interpréter.

C’est ce qui en fait un art martial passionnant. Exactement comme une étincelle allume un feu, un maître en Karaté peut initier un karatéka à une idée ou un concept.

Un jour, Shihan Woon-A-Tai fit une démonstration de karaté pour démontrer que la posture et la pensée influençaient la puissance d’un mouvement.

 

 

 

 

 

Cette démonstration fut l’étincelle de ma recherche.

-Hypothèse de recherche et questions -

Retrouve-ton dans les katas (Best Karate) cette relation corps et esprit qui permette de maximiser la puissance de chaque mouvement, comme le yoga ou autres arts qui favorisent la santé physique et mentale par des exercices un peu comme dans nos katas?

Pour répondre à cette hypothèse, trois questions seront l’objet de cette étude pour démontrer que les mouvements enseignés dans nos katas sont conçus pour maximiser la puissance (Ki) des techniques en kata.

1)    Comment savoir si le mouvement que j’exécute dans un kata (Best Karate) est le bon et qu’il représente la meilleure configuration de force possible (Ki)?

2)    Que se passe-t-il si je modifie une composante dans un mouvement en kata (Best Karate)?

3)    Dans la démonstration ci-haut, Shihan Woon-A-Tai demande au sujet de bien visualisé (pensée) son poing pour augmenter la puissance du corps!

Peut-on vérifier si la pensée a une influence sur la puissance d’un mouvement?

-Développement-

1)    Comment savoir si le mouvement que j’exécute dans un kata (Best Karate) est le bon et qu’il représente la meilleure configuration de force possible (Ki)?

Pour connaître la réponse; la solution retenue est de mesurer avec un appareil de musculation la force requise pour exécuter une technique de kata.

Puisqu’il en existe une multitude de techniques, j’ai sélectionné parmi les katas trois techniques ayant des mouvements de bras similaire avec des positions de base différent « Dachi ».

Les trois techniques de bras appliquent le principe de contraction « Hikite » qui est le plus simple à mesurer.

Chaque technique de bras sera mesurée dans les trois positions de base pour déterminer s’il y a des différences de mesure entre eux.

Un groupe de six hommes et de six femmes seront évalués et les résultats seront comptabilisés et inscrits dans des tableaux pour analyse.

Mesure de la puissance dans les mouvements :

Pour l’expérience de mesure, j’ai relié à un appareil de musculation (photo 1) les poignets d’un sujet avec des serre-poignets (photo 2 et 3).

Les serre-poignets libèrent les mouvements des mains, ce qui facilite l’exécution de technique comme « Ippon ken ».

L’appareil est ajusté en hauteur (photo 2) pour conserver l’horizontalité des bras, ce qui aide à maintenir un bon équilibre lors des tests.                                                                                             

Selon la force du sujet, on ajoute ou retire des plaques de 10 livres de l’appareil pour déterminer la puissance maximale de contraction « Hikite » (photo 4) des bras pour chaque exercice.

Pour chaque mouvement, deux essais seront faits par le sujet pour un meilleur échantillonnage avec un temps de récupération entre les mouvements pour éviter une fatigue des bras.

Pour chaque position de base, on mesure la largeur des hanches, la hauteur de centre de gravité et la longueur des positions pour conserver une même constante entre chaque essai.

Les trois positions des jambes doivent respecter le principe de descendre son centre de gravité et d’écarter sa base et d’être de largeur et longueur similaire.

Photo 1 Photo 2 Photo 3 Photo 4
Photo 5 Photo 6 Photo 7 Photo 8
 
Photo 9 Photo 10 Photo 11  

 

Description des techniques de mesure et essaies

1.    Position « Zenkutsu-dachi » :

A) Le sujet est en position avant « Hidari Zenkutsu-dachi » avec les bras tendus vers l’avant, les poings fermés, les paumes vers le haut (photo 7). Pour l’exercice, le sujet doit exécuter une contraction des bras en ligne droite « Hikite » jusqu’au tronc en restant dans la position (photo 8) « Zenkutsu-dachi ». On ajuste les poids (photo 5) pour trouver la force maximale du sujet et on inscrit les deux résultats.

B) Même exercice, paumes vers le bas. (photo 6).

C) Troisièmement le pouce sur le côté de l’index « Ippon-ken » (photo 8)

D) Comme dernier exercice, on demande au sujet de reprendre la position avant « Hidari Zenkutsu-dachi » (1A)     avec les bras tendus vers l’avant, poings fermés les paumes vers le haut.

Sans modifier physiquement la position, le sujet doit juste s’imaginer être dans une autre position « Hangetsu-dachi » dont je lui présente une photo et que je lui décris verbalement.

Quand les informations sont bien assimilées par le sujet, on procède aux  mesures.

1.    Position « Fudo-dachi » :

On reprend le même exercice (A, B et C) en remplaçant la position « Zenkutsu-dachi » par la position « Fudo-dachi » (photo 10) appliquée dans le kata « Shochin », et on effectue les trois mesures.

1.    Position « Hangetsu-dachi » :

On reprend le même exercice (A, B et C) en remplaçant la position « Fudo-dachi » par la position « Hangetsu-dachi » (photo 11) appliquée dans le kata « Hangetsu », et on effectue les trois mesures.

Exemple de collecte des données mesurées sur l’appareil de musculature :

Tableau des résultats de mesure :

1)    Que se passe-t-il si je modifie une composante dans un mouvement en kata (Best Karate)?

Pour répondre à cette question qui s’appuie sur mon travail de recherche, j’ai sélectionné des mouvements de Kata tel que décrit dans les « Best Karate ». (Heian Shodan, Jutte, Hangetsu, Gankaku, Nijushiho …)

Avec une série de photos, je démontre la puissance des mouvements originaux

(Mouvement fort) en appliquant une pression sur les bras ou sur les épaules du sujet.

Par de simples modifications dans le bas ou le haut corps, je démontre la baise de puissance des mêmes mouvements (Mouvement faible).

Exemple : si le sujet pousse avec la main vers le bas l’instructeur applique une pression contraire vers le haut. Ainsi, on peut vérifier si le mouvement est toujours aussi fort en modifiant la position des jambes.

Application des techniques dans une chorégraphie.

Pour bien comprendre le travail qui a été fait en kata par nos Maîtres, j’ai regroupé cette sélection de mouvements de force en kata dans une chorégraphie pour en faire un exercice pédagogique utilisable en « Enbu », que j’ai appelé simplement un «Défendre son point».

Pour cet exercice on ne doit pas déplacer le pied de son point de départ et exécuter l’ensemble des mouvements avec de multiples adversaires.

Cet entraînement développe un bon sens des décisions et augmente la mémoire du groupe tout en utilisant le plein potentiel de nos techniques de karaté.

Par la suite l’instructeur peut démontrer les applications fortes et faibles de chaque mouvement et appliquer le principe à l’ensemble de Karaté IKD.

Lors de la  démonstration de Shihan Woon-A-Tai demande au sujet de bien visualisé (pensée) son poing pour augmenter la puissance du corps!  Peut-on vérifier si la pensée a une influence sur la puissance d’un mouvement?

Pour répondre à cette question, l’expérience consiste à reprendre une technique déjà faite sans la modifier physiquement.

Le sujet doit juste s’imaginer être dans une autre position « Hangetsu-dachi » dont je lui présente une photo et que je lui décris verbalement.

Quand les informations sont bien assimilées, on procède aux mesures.Cette expérience peut être appliquée à une variété de mouvement et les résultats sont similaires.  Ce sujet de recherche doit faire l’objet d’une autre étude, car il est très vaste et complexe

On pense être dans la position Hangetsu-dashi avec ippon Ken mais on est en Position Zenkutsu-dashi, Hikite paume vers le haut.

-Conclusion-

Comme l’étude l’indique, il y a constance dans les résultats :

1)    Pour le « Zenkutsu-dachi », la contraction des bras avec la paume vers le haut est supérieure à la position des paumes vers le bas ou à la technique « Ippon ken ».

Exactement le même mouvement qui est enseigné au débutant en karaté dans l’exécution d’un coup de poing « Oi-zuki ».

2)    Avec la position « Fudo-dachi », la technique de bras dominante est celle avec les paumes vers le bas, application que l’on retrouve dans le Kata « Sochin ».

3)    Pour la dernière position des jambes « Hangetsu-dachi », la technique « Ippon ken » se démarque des deux autres. On retrouve cette technique dans le kata « Hangetsu »

4)    Pour l’exercice où on s’imagine en « Hangetsu-dachi » tout en étant en « Zenkutsu-dachi » on constate le manque de puissance en comparaison avec le mouvement initial (1A). Cela nous indique que la vision et l’ouïe sont des paramètres non négligeables pour l’exécution des mouvements en kata. Cette expérience peut être utilisée comme un futur sujet de recherche.

Chaque mouvement en kata n’est ni dû au hasard ni à une fantaisie d’un quelconque pratiquant en karaté. Il est le fruit d’une intense recherche par de remarquables Maîtres du passé qui, sans nos technologies contemporaines, ont pu créer des katas, et ce, en optimisant la puissance maximum du corps humain par une combinaison de trois éléments : le corps, l’esprit et la technique.

Quand et qui a élaboré les mouvements sont des questions trop difficiles à répondre, mais qui suscitent mon admiration par leurs pertinences et la justesse de leur choix.

Comment expliquer que le simple changement dans le positionnement des jambes entraîne une réorganisation dans la configuration des bras et des mains si l’on veut conserver une puissance maximale du corps?

Pour le découvrir, il faut regrouper plusieurs disciplines qui touchent aux domaines de la médecine, la psychologie, de la science du corps humain et bien d’autres domaines de recherche.

Que l’on pense à la cartographie des méridiens qui couvent notre corps et qui sont utilisés depuis l’antiquité par les Chinois, ou aux multiples études sur le décryptage du cerveau où l’on commence à découvrir les subtiles relations entre le cervelet, le thalamus et l’amygdale…

Quand on réalise que les informations circulent dans notre corps à plus de 400 km/h et que les informations sont transmises selon une logistique qui favorise la performance de l’ensemble du corps chez un athlète, on ne peut qu’admirer la beauté de la machine humaine.

Comme on constate que l’étude en kata requiert une attention soutenue des multiples détails qui sont inscrits en texte et en image dans les « Best Karate », l’instructeur doit établir dès le début de la formation des élèves le sens de l’observation et le respect des consignes appliquées en karaté par de petits exercices de biomécanique qui les stimulent et leur donnent le goût d’en savoir plus sur le Karaté IKD.

Note :

Ces expériences ont été faites sans prétention scientifique avec des moyens très simples et avec l’aide de mes élèves et amis.

L’appareil d’haltérophilie que nous avons utilisé fonctionne uniquement avec des plaques de 10 livres, on ne peut prétendre à une grande précision dans nos mesures avec cela, mais l’essentiel c’est que l’expérience nous indique une différence réelle entre le choix d’une position de jambes et de bras.

Chaque sujet a exécuté les mouvements selon leurs expériences et leurs morphologies, ce qui implique des variations d’un sujet à l’autre. Toutes les positions de jambe ont été mesurées pour conserver la même posture et dimension pour chaque exercice de bras.

À la suite de cette recherche, j’ai entrepris l’analyse de chaque mouvement inscrit dans les livres « Best Karate » pour en valider l’uniformité des informations tout en poursuivant mes recherches sur la relation entre le cerveau et le karaté Shotokan IKD.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Références

Bibliographie et source de documentation :

·         Site Web : Le cerveau à tous les niveaux (Université McGill www.mcgill.ca)

·         Livre « Best Karate » par M. Nakayama, éditeur Kodansha USA, édition 2012

·         Dre Maryse Chartrand, Chiropraticienne 760, Boul. Des Laurentides Saint-Jérôme

Québec Canada J7Z 4M5, 450 565-1525

-Remerciement-

Merci à mes élèves et Amis pour leurs aides dans mes recherches.

·         Kélane Lévesque, 2 kyu
·         Francis Blondin, 1 Dan
·         Janyck Godbout, 3 Dan
·         Ghislain Godbout, 2 Dan
·         Sylvie Parslo (aide)
·         Robert Légaré, 3 kyu
·         Chantal Coté, 1 dan
·         Olivier Légaré, 2 Kyu
·         Saskia Lavoie, 5 kyu
·         François Castonguay, 5 Kyu
·         Mireille Filiatrault, 2 Dan
·         Alain Cédilotte, 1 Dan
·         Maryse Chartrand (aide)
·         Benjamin Castonguay, 2 Kyu
·         Françoise Dupras (aide)
·         Marc Fradellin, 1 Dan
·         Kimberley Godbout, 2 Dan
·         Michel Dufour, 3 Dan

 

Par Shihan Alain Dumas 7 Dan IKD